J'ai assisté il y a quelques jours à une conférence exceptionnelle de Shai Agassi sur deux sujets :
- l'évolution de technologies du software pour les années à venir
- la résolution des problémes énergétiques liés à la consommation de pétrole
Deux sujet a priori qui n'ont rien à voir, mais comme d'habitude dans la Silicon Valley, la responsabilisation de ses acteurs est de plus en plus forte en matière d'environnement, d'écologie et de lutte pour sauver la planète.
Evolution du software
Shai Agassi n'est pas n'importe qui, il est membre du board de SAP, et en charge d'un département de 9000 personnes s'occupant du développement de tous les logiciels SAP !
Il a tout d'abord rapidement décrit l'évolution de la mentalité de SAP en matière de développement de solutions propriétaires sur le marché, l'illustrant par le fait que quand SAP a sorti sa solution de middleware, bien qu'en avance sur le marché et mettant tous les moyens en oeuvre pour garder cette avance (logiciel propriétaire, pas d'ouverture aux autres, course effrennée aux fonctionnalités), elle s'est retrouvée quelques années plus tard avec tout un tas de compétiteurs farouches, et n'a pu conserver sa position de leader. La conclusion dut assez rapidement claire : ça ne sert à rien de tenter de préserver une position dominante par l'enfermement sur soi-même car l'écosystème de l'innovation est tellement dynamique que quelqu'un vous dépassera toujours.
SAP a alors construit un écosystème complet, permettant à n'importe quel partenaire de bâtir ses propres applications au dessus de SAP. Donc tout le contraire du principe précédent. On ouvre toutes les APIs de SAP, toutes les documentations, etc... pour permettre à n'importe qui d'utiliser SAP, non pas en tant qu'application fonctionnelle, mais en tant qu'infrastructure pour créer d'autres applications au-dessus de l'infrastructure de base de SAP. Cette idée a propulsé SAP de manière astronomique, en fédérant autour d'elle des dizaines de milliers d'entreprises vivant de cet écosystème, et produisant en plus des applications de qualité que SAP peut même être amenée un jour à racheter. Et même si les entreprises sont rachetées par des concurrents comme IBM ou autre, ce n'est pas grave, puisque c'est toujours l'infrastructure SAP qui est utilisée, car indissociable en général de l'application.
Donc ouverture, ouverture, ouverture, sont les maîtres mots de Shai Agassi.
Il termine cette partie en décrivant ce que Amazon est en train de faire en terme d'infrastructure et comment il s'agit du fondement des infrastructures futures. Cela fait d'ailleurs un petit moment que je voulais en parler, car je suis d'accord, c'est révolutionnaire. Je reviendrai donc sur le sujet de manière plus approfondie. Mais en quelques mots, Amazon, connut pour sa boutique de e-commerce, est en fait depuis plus d'un an provider d'infrastructure d'hébergement sous forme de stockage et de CPU actuellement. D'ailleurs de plus en plus de startups dans la Valley utilisent l'infrastructure d'Amazon, en n'utilisant plus de salles d'hébergement ni même de serveurs, mais uniquement les espaces de stockage on-demand d'Amazon et ses machines virtuelles comme serveurs applicatifs, déployables également on-demand.
Une véritable révolution, car on ne paye plus que ce qu'on consomme réellement, les montées en charge ne sont plus un problème, ni d'un point de vue stockage, ni d'un point de vue applicatif. On crée des machines virtuelles et on les déploie à la volée. On en a besoin de 100, on en déploie 100 en quelques minutes. On en a besoin de 1000 tout d'un coup pour traiter un événement particulier, c'est fait. Puis on revient aux 100 préalables. Bien entendu l'applicatif doit tenir compte de cette nouvelle architecture, mais c'est un pas énorme en terme d'optimisation des coûts et de scalabilité, surtout pour les startups.
Problèmes énergétiques
Ensuite Agassi nous a parlé de sa seconde passion : les voitures électriques. Pas les jouets, les vraies voitures fonctionnant sur batteries. Il a proposé il y a quelques mois à Israël, et des hommes politiques d'envergure comme Shimon Peres ont adhéré au projet, de faire passer Israël d'ici 2020 au 100% voitures électriques ! Plus de pétrole consommé pour les voitures. Donc une autonomie extraordinaire pour Israël (à dupliquer dans plein d'autres pays bien sûr) et un gain écologique énorme.
Et c'est faisable, les technologies ont tellement évolué ces dernières années que faire fonctionner des voitures 100% électriques avec des performances équivalentes, voire meilleurs aux nôtre, est devenu possible. D'un point de vue des moteurs, c'est Tesla qui est à la pointe en ce domaine. D'un point de vue des batteries, la techno a aussi tellement évolué que la taille d'une batterie nécessaire pour une autonomie de quelques 200 ou 300 km est actuellement la même que celle occupée par le réservoir d'essence. Donc plus de problème de taille. Et ça ne va que progresser bien sûr.
C'est donc un énorme projet, et le fait qu'il devienne un projet national, avec un objectif national de diminuer drastiquement sa dépendance au pétrole et d'influer sur l'état de notre planète, aussi bien d'un point de vue écologique que d'un point de vue sociétal (car la crise pétrolière ne pourra déboucher que sur de plus en plus de guerres pour la domination des réserves restantes), est un véritable signal donné pour que beaucoup d'autres initiatives du même genre voient le jour.
De manière étonnante (vu de loin), le roi de Jordanie est également devenu partie prenante du projet, et les usines de fabrication des voitures électriques seront en fait partagées pour produire à la fois pour Israël et pour la Jordanie.
2007 sera donc une année charnière en terme de problématiques écologiques, avec l'implication des entrepreneurs pour changer la donne en matière écologique et résoudre les problèmes qui se posent à nous pour les années à venir.
L'exemple de Shai Agassi est à ce titre remarquable en réussissant en quelques mois à créer une telle dynamique.
(un peu plus de détails sur ce site)
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