La plupart des nouvelles applications du Web 2.0 permettent de publier librement et publiquement photos (Flickr, ...), vidéos (YouTune, Dailymotion, ...), journaux intimes (blogs, myspace, skyblog, communautés, ...), etc.
Qu'est-ce que cela signifie ? Que d'ici quelques années, si je suis une agence d'investigation et que j'aurai besoin de récupérer des informations sur telle et telle personne, si ces personnes sont adeptes du Web 2.0 et de ses différents services, je n'aurai pas beaucoup de travail à faire. Quelques clicks sur le net et je pourrai reconstituer une vie entière, le réseau de relations personnelles entretenues par cette personne, soit à partir de ses listes publiques de blogs amis, ou à travers le contenu de ses photos publiées, etc., bref tout un tas d'informations sur sa vie privée qu'il n'aurait pratiquement pas été possible de découvrir auparavant, sauf à passer des mois et des mois de filatures.
Or quand on découvre qu'en parallèle de cela, nos démocraties sont de plus en plus noyautées par des hommes politiques assoiffés de pouvoir dont les intérêts personnels passent le plus souvent avant l'intérêt public (cf. Place Bauveau entre autres lectures), et qu'ils se permettent d'utiliser à leurs propres fins les institutions gouvernementales qu'ils dirigent, de véritables questions se posent.
Ne sommes-nous pas devenus, dans nos démocraties, totalement naïfs ? Ne nous sommes-nous pas endormis ? Lorsque l'on voit des affaires comme la nôtre, l'Affaire Mayetic, où, parce qu'une personne est présidente d'une association de riverains s'opposant aux agissements de sa mairie, et que son maire, bras droit du ministre de l'intérieur, profite du système pour mettre à bas toute opposition, ne sommes-nous pas en droit de nous poser de sérieuses questions ?
Lorsque cette même mairie diffuse à 40.000 exemplaires, par voie postale, aux électeurs asniérois, un feuillet de 8 pages, mensonger, contenant des informations portant atteinte à la vie privée de nombreuses personnes, nommées, et publiant de fausses informations sur elles en s'appuyant néanmoins sur de vrais faits privés remontant à plus de 15 ans (ce qui m'est arrivé), n'est-on pas en droit de craindre le pire si nous prenions l'habitude dans les années à venir de publier publiquement de grandes masses d'informations sur nous-même ?
Vers quel monde allons-nous si d'un coté nous étalons à tout vent notre vie privée, et si de l'autre les moyens d'investigations étatiques sont démesurés grâce au pouvoir des nouvelles technologies de l'information ?
En quoi se transformeraient nos démocraties ? De soi-disant démocraties tant que les citoyens ne touchent pas aux intérêts des personnalités politiques et de quasi-dictatures lorsque ces intérêts sont en jeu, vu le pouvoir monumental qu'ils possèdent progressivement ? Où sont les contre-pouvoirs à cette puissance nécessaires pour maintenir l'équilibre d'une démocratie ? Depuis quelques temps, nous ne les voyons plus en France.
Pourquoi alors donner à ces gens-là ce qu'ils pourraient ensuite retourner contre nous à tout moment ? Que faire avec nos enfants qui adoptent si facilement ces nouveaux outils ? N'est-ce pas les mettre en (futur) péril que de les laisser faire et constituer à leurs dépends de tels réseaux d'informations publics ?
Le devoir de tout citoyen d'une démocratie est de veiller, coûte que coûte, à son droit vital à la vie privée et à la mise en oeuvre des contre-pouvoirs nécessaires au maintien de l'équilibre démocratique entre pouvoir et citoyens.
Face à l'accélération phénoménale des progrès des technologies de l'information ces dernières années, il devient essentiel d'être, chacun, à sa mesure, parfaitement conscient de ces enjeux.
Et nous, professionnels de ces nouvelles technologies, devont être les premiers à tirer les sonnettes d'alarmes.
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