Guillaume Dasquié, journaliste d'investigation spécialiste en intelligence économique et en géopolotique, a vu son domicile perquisitionné, puis a été arrêté et emmené à la DGSE ce jeudi matin suite à une plainte déposée par Michelle Alliot-Marie, Ministre de la Défense. Il a été relâché 40h plus tard après avoir subi une véritable séance d'intimidation et de menaces pour dévoiler sa source, tel qu'il le relatait lui-même cet après-midi sur La5 dans l'émission "Revue et corrigé".
Le témoignage de Guillaume Dasquié est à la fois très grave et extrêmement poignant, et ce qu'il a subit est indigne de la république française puisqu'il a été menacé d'être mis en prison le soir même s'il ne dévoilait pas ses sources, menaces proférées par le sous-directeur de la DGSE et le susbtitut du procureur de la république en personne ! Alors même que tout journaliste a le droit légal (art. 109) à la protection de ses sources.
Guillaume Dasquié finit par craquer et donne un nom, pas celui de la source directe, mais apparemment un maillon intermédiaire. Il est au bord des larmes dans l'interview au moment de dire cela, et se reprend de justesse, disant "ne pas vouloir craquer, ne pas vouloir leur donner ce plaisir"...
Je vous invite à l'écouter dans l'enregistrement de l'émission en ligne, il le faut pour être conscient de ce qui s'est passé, et qui me semble être révélateur de quelque chose de bien plus grave qu'un simple dérapage.
Interview de Guillaume Dasquié sur La5, allez directement entre 56:28 et 1:14:17 pour l'écouter.
Dasquié a maintenant la conviction qu'il a fait un "vrai boulot" puisqu'il semble déranger, comme il l'explique dans un billet intitulé "Combattre!" publié en page d'accueil de son site geopolitique.com . Voici sa conclusion :
"[...]Dès la semaine prochaine, geopolitique.com reprendra ses parutions, avec encore plus de convictions. Mme Alliot-Marie, je pensais exercer un métier, vous m'avez démontré que c'est un sacerdoce. Grâce à vous, une détermination nouvelle désormais me conduit."
Guillaume Dasquié dit également dans une interview au JDD ("Casser les reins du journaliste"):
"souvent la presse est alimentée par des fuites organisées par les puissants eux-mêmes. Ces derniers temps, tous ceux qui comme moi essaient de ne pas se faire manipuler et apportent des contradictions cinglantes aux discours des communicants du pouvoir ont droit à un retour de bâton terrible : perquisitions, gardes à vue, tous les moyens coercitifs sont mobilisés. C'est un peu comme si on nous disait : "On s'occupe de votre sécurité, n'allez plus chercher ce qu'on tient à vous dissimuler." ça vise peu ou prou à nous transformer en attachés de presse."
A lire également :
- La dépêche AFP initiale
- Le texte de présentation de l'émission sur La5
- la dépêche AFP d'aujourd'hui après son passage sur La5
- La réponse du procureur de la république a ce qu'il qualifie d'accusations mensongères
Je soutiens bien entendu pleinement Guillaume Dasquié dans cette épreuve, en toute connaissance de cause sur les méthodes employées par ces gens, et je lui souhaite de tout coeur d'avoir le courage nécessaire pour continuer sa route, quelle que soit sa décision de poursuivre ou non son rôle fondamental de journaliste d'investigation pour la préservation de notre démocratie.
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