Petit rappel sur la démocratie 2.0
Ce qui me frappe le plus actuellement dans ce qu'apporte le web 2.0 est bien entendu le coté participatif et ce qu'il induit comme révolution dans notre société (cf. le web participatif). De plus, comme vous le savez tous, depuis le mois de janvier je le vis en fait intensemment avec l'affaire Mayetic, où sans le web 2.0, jamais nous n'aurions pu faire connaître la vérité sur notre affaire alors que nous avions subi campagne de diffamation et censure de la part des médias et pouvoirs traditionnels.
Or cette ouverture extraordinaire faite au "citoyen de base" de pouvoir s'exprimer dans un lieu public, sans aucune censure, et avec un relai potentiellement important, est un véritable point de rupture. Il ne s'agit plus ici de partager des photos de famille et de discuter entre copains sur des sujets quelconques. Il s'agit d'avoir une vraie liberté d'expression (malheureusement fort virtuelle dans la démocratie 1.0), de jouer un rôle actif dans notre société, et finalement de pouvoir enfin pleinement assumer ses devoirs et faire respecter ses droits de citoyens.
Cette révolution est réellement fondamentale, et va modifier inéluctablement le rapport de l'individu à la société d'une part, et du pouvoir au citoyen d'autre part.
Le 26 février,après 4 semaines folles suite à mon premier billet sur l'affaire Mayetic, j'écrivais un billet intitulé : "le mensonge sera-t-il toujours possible en démocratie 2.0 ?" où je démontrais comment le web participatif avait créé un avant et un après en terme de démocratie, faisant entrer la démocratie dans une nouvelle ère, celle de la vraie démocratie participative.
Face à cela, la quasi-seule réaction du pouvoir est d'essaye de museler cette liberté d'expression à coups de procès en diffamation ou en atteinte à l'image, bref une politique de harcèlement permanent éhontée, dont Christophe Grébert a à ce jour souffert le plus, mais a en même temps permis d'ouvrir la voie à tous les autres en résistant et en gagnant son combat. Vous le savez, je viens moi-même de faire l'objet d'une plainte, il faudra donc un peu de temps avant que le pouvoir comprenne.
Cela montre à quel point ce pouvoir est en retard sur les usages, et combien la nouvelle donne va les obliger à modifier radicalement leurs méthodes. Car jusqu'à présent, les méthodes d'attaque de ces gens étaient en grande partie basées sur le camouflage ou la présentation biaisée des résultats, si ce n'est sur le mensonge et la calomnie pour les cas les plus extrêmes. Or ceux qui sont calomniés injustement ont maintenant le moyen de faire connaître la vérité. Et ceux qui connaissent les vrais chiffres ont les moyens de les rendre publics et venir contredire les faux chiffres officiellement publiés.
Comme je le disais en conclusion dans mon billet, il sera donc de plus en plus difficile de mentir, car les mensonges n'ont de portée que s'ils sont camouflés. S'ils deviennent patents car la vérité a pu être rendue publique et facilement démontrable, ils se retournent forcément contre le menteur. Les hommes et femmes politiques apprendront donc à leur dépens à respecter beaucoup plus les citoyens.
Entreprise 2.0 et Management 2.0
Quel rapport avec "web 2.0 et gouvernance d'entreprise" ? Qu'au travers de ce vécu et de cette illustration, l'impact réel du web 2.0 dans l'entreprise devient beaucoup plus clair. Il va permettre bien entendu, comme je le défends moi-même depuis une dizaine d'années, de permettre au travail collaboratif et au véritable échange participatif de prendre position dans l'entreprise, libérant ainsi des facteurs d'efficacité collective importants.
Mais je pense que le véritable point de rupture des technologies du Web 2.0 dans l'entreprise va être l'impact sur la gouvernance d'entreprise. Ce n'est qu'à partir du moment où cette gouvernance d'entreprise sera structurellement modifiée en profondeur que l'on pourra changer d'étape et passer à l'"Entreprise 2.0". Car on retrouve finalement dans l'entreprise les mêmes tares que dans l'usage du pouvoir politique. Peut-être même parfois plus, puisqu'une entreprise n'est pas, et ne doit pas forcément avoir pour objectif d'être, une démocratie.
L'usage des technologies participatives dans l'entreprise risque alors de bouleverser encore plus radicalement les relations hiérarchiques entre individus, encore plus dans un pays comme la France où elles sont particulièrement marquées. D'un management top-down, il va falloir passer à un véritable management en réseau, où le supérieur hiérarchique ne pourra plus baser sa légimité sur son autorité à ordonner le travail des uns et des autres, mais devra devenir tout à la fois coordinateur, animateur, conseiller et arbitre.
De même que pour la démocratie 2.0, le mensonge, l'incompétence et autres "qualités" pouvant être plus facilement dissimulées dans un management autoritaire, seront dévoilées au grand jour dans un management participatif imposé par l'usage des outils.
L'introduction de ces technologies dans l'entreprise, et des usages qui vont avec, est inéluctable. On connait ici la même révolution que lors de l'arrivée des intranets dans l'entreprise. Soit ils étaient accompagnés par la hiérarchie (minorité des cas), soit ils étaient déployés de manière sauvage par la base (majorité des cas) car ils correspondaient au besoin du moment, celui de pouvoir enfin publier librement de l'information. C'était déjà une révolution culturelle majeure dans la plupart de nos entreprises. Mais l'impact en terme de management était finalement très faible.
C'est totalement différent avec le web participatif, où la remise en cause du management est totale, et par là même l'organisation de l'entreprise elle-même. C'est pour cela que j'ai décidé dans mon discours de remplacer "e-management" par "Management 2.0", et "e-organisation" par "Entreprise 2.0". Non pas pour tomber sous l'effet de mode qui veut que l'on accole à ce jour un 2.0 à tout substantif, mais parce que les termes en "e-" n'impliquent pas une rupture, mais un simple changement de technologie. Le "2.0" par contre illustre parfaitement ce saut qualitatif fondamental, celui dont on ne peut plus revenir.
L'entreprise 2.0 sera donc une organisation tranversale, où l'information circulera de manière totalement fluide, bien que sécurisée, et où la créativité de tout un chacun pourra pleinement s'exprimer, sans tabou, de par la possibilité d'écrire, de dire, de montrer, de dialoguer, d'échanger, de contre-dire, de discuter, de participer, et en définitive de construire ensemble. En découleront des vertus ne pouvant être refusées, telles que l'efficacité individuelle et collective, une productivité accrue, une qualité nettement améliorée, une éthique en forte augmentation avec par exemple la prise en compte de la dimension durable des choses à laquelle sont de plus en plus sensibles les citoyens, une valorisation personnelle bien meilleure, etc...
Les dirigeants d'entreprises, petites ou grandes, qui sauront les premiers anticiper sur ces nouveaux usages, aussi bien en interne qu'en externe de leur entreprise, seront les premiers à tirer les véritables profits de cette nouvelle gouvernance d'entreprise. Il faut investir massivement, former et accompagner les utilisateurs (à tous les niveaux), car adopter ces usages ne se fait pas du jour au lendemain. Il ne s'agit pas ici d'apprendre à utiliser un logiciel quelconque. Il s'agit ici de réfléchir différement, de travailler différemment, d'établir des relations hiérarchiques différentes, et cela ne se fait pas en un jour, mais plutôt en plusieurs mois. Il faut donc s'y prendre le plus tôt possible, afin d'en tirer les fruits le plus tôt possible également.
Nous nous devons donc d'évangéliser. Nous sommes sur un terrain fertile, car il ne faut pas croire que c'est la technologie seule qui fait arriver à ce point de rupture. C'est la convergence de deux facteurs fondamentaux, la technologie, et l'évolution des usages dû à internet. Car la plupart des technologies du Web 2.0 n'ont rien de révolutionnaire, et existent pour certaines d'entre elles depuis plus d'une dizaine d'années ! Mais elles vont être adoptées à partir de ce jour très rapidement parce que l'humanité est globalement prête à les recevoir. Je l'ai vu vécu dans le simple univers du collaboratif, avec des technologies existantes depuis aussi plusieurs années, et prises en compte par les utilisateurs seulement depuis moins de deux ans grâce à l'assimilation de l'intranet de publication et de la messagerie électronique par la grande majorité des utilisateurs, modifiant déjà grandement leurs habitudes de travail.
Mais les limites de ce niveau sont atteintes, les gens sont demandeurs de beaucoup plus. Et c'est pour cela que le moment est idéal, car la demande existe. Il faut donc pousser aussi bien les manager que les utilisateurs lambda à se former à ces nouveaux usages, afin de faire imploser les modèles classique d'entreprise et de management, et entrer dans une nouvelle ère de la gouvernance d'entreprise, ère où l'individu, son efficacité, sa créativité, et son rapport au collectif, seront au coeur même de la croissance économique et sociale des prochaines années, pour le bénéfice de tous.
Tags: web 2.0, démocratie, entreprise, gouvernance, économie, entreprise 2.0, management 2.0
Commentaires