Bon article du Journal du Net : http://solutions.journaldunet.com/0602/060206_editeurs-levees-fonds.shtml.
Je confirme bien entendu, il n'est pas possible de jouer "dans la cour des grands" (les éditeurs américains) sans lever des fonds. Le terme de "start-up" vient bien de là. On finance des hommes et une idée, de manière massive alors que parfois la société n'est même pas encore créée, afin de capter le marché plus rapidement que les concurrents. Cela fait 35 ans que les premiers fonds de capital risque américains ont vu le jour, et que grâce à eux l'industrie dans laquelle nous évoluons existe.
La différence entre les fonds américains et les fonds français, c'est que les premiers savent mettre immédiatement les montants nécessaires, et suivre régulièrement derrière.
L'autre différence fondamentale est que dans les fonds américains, les décideurs sont à la fois entrepreneurs et financiers. Ils ont tous eu, personnellement, des succès à leur actif avant de devenir investisseurs, et s'impliquent réellement au quotidien dans le fonctionnement des sociétés dans lesquelles ils investissent. Les fonds français sont eux constitués essentiellement de purs financiers, qui font du capital risque comme s'ils faisaient du placement financier, mais sans réelle connaissance et analyse entrepreuneuriale de ce dans quoi ils investissent.
Je me rappelle dans notre propre expérience, qu'à chaque comité de surveillance ces deux dernières années, il fallait passer une majorité du temps à réexpliquer le business model, les concepts, les options prises, les virages nécessaires, etc... car nos interlocuteurs avaient entre temps oublié et ne suivaient pas le quotidien de l'enteprise. Ils ne suivaient que les ratios chiffrés et n'avaient aucune vision du contexte dans lequel ces chiffres s'inscrivaient.
Or un capital risqueur doit être un véritable associé de l'entreprise. Il doit être aussi impliqué que les fondateurs, et jouer à plein son rôle. Les fondateurs apportent l'innovation et sa réalisation à travers son business model, l'associé financier doit apporter les fonds nécessaires au soutien de la croissance, toujours forte pour gagner puis préserver ses parts de marché.
Tout cela dans l'analyse d'un équilibre journalier où il faut être capable de réagir en temps réel en fonction du marché, des concurrents, etc... Un partenaire financier qui ne s'investit pas dans la quotidien de l'entreprise ne peut pas avoir cette vision "temps réel", et il ne peut donc pas jouer son rôle.
C'est le grand malheur du capital risque français, qui sous-évalue les besoins des entreprises et qui ne suit pas au quotidien leur croissance. Bien entendu des exceptions existent, KelKoo ou Exalead en sont des exemples récents, mais ce ne sont que "des exceptions qui confirment la règle" :-(
La France ne sait financer que ses grandes industries, recevant massivement des fonds, et oublie que 80 à 90 % de son tissu économique est constitué de petites entreprises.
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