Je publie ici un commentaire que Bruno, mon associé, a fait sur le blog d'Alain Lefebvre, pour bien illustrer comment les médias sont facilement manipulés dans notre pays. Expérience vécue et aux conséquences dramatiques comme vous le savez :-(
Bruno de Beauregard : "Je suis l'ex-cofondateur et l'ex-président de Mayetic, et moi aussi jusqu’à récemment, je pensais que ce qui était dit ou écrit dans les grands médias était relativement fiable, qu’il y avait des limites, des rails de sécurité.
Et bien maintenant, je sais qu’il n’y en a malheureusement pas, ou en tout cas qu’il n’y en a plus. Notre récente expérience a été suffisante pour nous le prouver, au moins à nous-mêmes. Tout est possible, de la complicité consciente jusqu’à la manipulation façon pieds nickelés.
En voici deux exemples :
1 – Complicité consciente ?
Vers le 20/09/05, un journaliste du Monde m’appelle, M. Gérard Davet, qui au passage a été condamné en octobre dernier (Le Monde aussi) "en qualité de complice du délit de diffamation publique envers un dépositaire de l’autorité publique", et ce dans l’affaire Alègre.
Il démarre bille en tête en me disant qu’il souhaite me rencontrer rapidement afin de me poser des questions sur les liens entre Mayetic et la « nébuleuse Elahi » (pour reprendre son expression), ce qui déjà en disait long sur son indépendance d’esprit, quand on sait que la soi-disant nébuleuse est en réalité une fondation reconnue d’utilité publique, avec le ministère de l’intérieur qui y dispose d’un représentant et Mme Bernadette Chirac qui en est la présidente d’honneur.
Je lui réponds alors poliment que je m’étonne qu’il me pose cette question saugrenue, dans la mesure où d’une part il n’y a pas de lien, et que d’autre part ce genre de diabolisation m’est chanté par le député-maire d’Asnières depuis deux ans à propos de mon association de quartier asniéroise.
Je l’informe au passage que mon association avait intenté un procès pour diffamation à l’encontre de la mairie d’Asnières, qui cette fois là tenait absolument à ce que mon association ait tenté d’infiltrer le conseil municipal pour le compte de la soi disant secte qui menacerait la paix asniéroise, et qu’elle l’a gagné en première instance en avril 2005.
Et que compte tenu de cette procédure, je m’étais fixé comme ligne de conduite vis-à-vis des médias de ne faire aucun commentaire, et ce depuis bientôt deux ans, afin de ne pas polluer la procédure judiciaire.
L’audience d’appel de ce procès étant programmée pour le 30/11/2005, je lui ai proposé de me rappeler juste après pour que là je puisse m’exprimer librement.
Il m’a alors dit de manière quasi menaçante que si je ne m’exprimais pas maintenant, je n’aurais pas droit à un droit de réponse, ce qui me laissa dès lors supposer qu’il s’apprêtait à m’incendier dans les grandes largeurs.
J’étais donc déjà jugé coupable, et ce par un journaliste d’un grand quotidien national qui était visiblement déjà programmé pour.
L’a-t-il été gratuitement ? Si oui, quel professionnalisme ! Si non, sans commentaire …
Pour qu’il ne dise pas qu’il n’était pas au courant du contexte global, je lui ai fait parvenir par porteur à la rédaction du Monde quelques articles relatant les accrochages entre mon association et la mairie d’Asnières, ainsi que le jugement en première instance.
Quelques jours après, nous nous sommes reparlé par téléphone car je voulais m’assurer que les documents lui étaient bien parvenus : il me le confirma et m’en remercia même.
Quand environ un mois plus tard son article paru, il n’était fait aucune mention du conflit opposant mon association à la mairie, il était dit que je n’avais pas voulu lui parler, et qu’enfin, maintenant, je m’étais reconverti dans l’infiltration, non plus du conseil municipal, mais de l’OTAN, de la Gendarmerie Nationale et du Trésor Publique.
Ainsi et d’après la DST, Mayetic, avec ses 23 collaborateurs, faisait peser une lourde menace sur les agences gouvernementales.
Pour info, Mayetic aura travaillé pour plus de 200 clients en 10 ans (hors les 14.000 du web gratuit), et la liste des 200 se trouvait sur notre web.
Et comme par hasard, les trois clients sélectionnés, soi-disant par les James Bond de la DST, étaient trois noms susceptibles de faire peur dans les chaumières.
Manque de chance pour ces fins limiers, les dernières prestations que Mayetic avait réalisées pour la Gendarmerie Nationale et le Trésor Publique remontaient aux années 99-98, et celle pour l’OTAN à 2004.
Je profite de l’occasion pour présenter nos humbles excuses à la DST, pour le manque de précision de notre ex-web.
2 – Manipulation façon pieds nickelés ?
L’article du Monde est sorti le vendredi 21/10/05 en début d’après midi, mais en date du 22/10/05.
Le 22 sur le 19/20 Ile de France de France 3, je découvre un reportage hallucinant, en caméra cachée (sans doute les rues d’Asnières ne sont-elles plus ce qu’elles étaient …), où j’apprends que maintenant, soit un jour après Le Monde, même le FBI serait dorénavant sur le coup (faut-il y voir la preuve que le FBI lit Le Monde ?).
Et évidemment, Mayetic en a repris pour son grade : cette fois-ci, la secte qui menaçait la paix du monde et à laquelle Mayetic était affiliée était en plus un véritable réseau de tueurs.
Encore un partenariat qui allait plaire à nos clients et investisseurs.
Après avoir vainement tenté de joindre un responsable de la rédaction Ile de France pendant le week end, j’ai alors envoyé un email au directeur informatique de France 3 en lui demandant un contact dans la rédaction Ile de France, car clou du spectacle, Mayetic avait réalisé l’intranet collaboratif de tout France 3 et de ses 13 antennes régionales, et ce depuis début 2002.
A l’insu de la DST et des RG, nous avions donc infiltré un média qui nous clouait au pilori.
Je finis par recevoir un appel du rédacteur en chef Ile de France, avec lequel j’ai eu une discussion téléphonique d’une quarantaine de minutes, au cours de laquelle je lui fis part de mon étonnement quant au fait que d’habitude, quand France 3 voulait faire un reportage sur le télétravail chez Mayetic (il y en avait eu deux dans les mois précédents), un journaliste nous appelait quelques heures avant le journal, et hop, tout était mis en boite sans problème.
Or là, aucun appel, aucune vérification, rien. Il me répondit alors : « vous comprenez, la concurrence … »
Si, pour reprendre ses termes, « lui non plus n’aimait pas se faire rouler dans la farine » (il était donc conscient de s’être fait manipuler, lui et ses journalistes), le mal était fait.
« Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose ».
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